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Les dissensions à Taiwan au sujet de l’accord sur les services peuvent être surmontées, assure Ma Ying-jeou à The Economist (vidéo)
Jeudi 27 mars 2014
Interrogé par le magazine britannique The Economist au sujet des relations entre les deux rives du détroit de Taiwan et de leurs répercussions sur la politique intérieure taiwanaise, le président de la République, Ma Ying-jeou [馬英九], a longuement défendu l’Accord sur le commerce des services signé en juin 2013 avec Pékin. Il a également estimé que les problèmes actuels au sujet de ce texte, avec en particulier l’occupation du parlement par des étudiants, pouvaient trouver une issue favorable.
A la question de savoir pourquoi cet accord provoquait dans l’île une telle controverse, Ma Ying-jeou a noté qu’à Taiwan, toute question concernant les relations entre les deux rives du Détroit entraîne un certain degré de dissension. « Nous ne sommes pas encore parvenus à un consensus suffisant sur la manière de développer nos relations avec la Chine continentale », a-t-il admis.
L’Accord sur le commerce des services est placé sous l’empire de l’Accord-cadre de coopération économique (ECFA) signé avec le continent il y a quatre ans, a rappelé le chef de l’Etat. « Nous avions expliqué à l’époque que l’ECFA était un cadre général qui couvrait le commerce des biens, celui des services, ainsi que le règlement des litiges commerciaux et la coopération économique, a-t-il expliqué. « La situation actuelle est principalement due à la perception erronée, dans la population, que cet accord n’aurait pas fait l’objet d’un examen public. En fait, au cours de l’année écoulée, le gouvernement a mené 110 sessions de consultation ou de discussion avec les représentants de 46 secteurs économiques. Mais parce que la plupart de ces rencontres ont été organisées sur un format réduit, le grand public a pu ne pas être au courant. Dans le même temps, les ministères compétents ont informé le Yuan législatif de l’avancement des négociations à trois reprises. »
Ma Ying-jeou a réaffirmé que les craintes relatives à d’éventuelles destructions d’emplois étaient infondées, l’accord ne prévoyant pas l’ouverture du marché du travail local à la main-d’œuvre chinoise. Par ailleurs, l’article 11 du texte prévoit des exceptions à l’ouverture des marchés lorsque la sécurité nationale est en cause. Surtout, le chef de l’Etat a réfuté l’idée selon laquelle l’accord serait déséquilibré. Il est en effet prévu que la Chine ouvre 80 sous-secteurs aux investissements taiwanais sur le continent, et un certain nombre d’autres l’ont déjà été dès 2001, en prévision de l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce.
Ce sont les conflits incessants entre les deux principaux groupes parlementaires qui sont à l’origine de la situation actuelle, a encore commenté Ma Ying-jeou, expliquant que la décision du président de la commission parlementaire, le 17 mars, d’ajourner l’examen du texte était justifiée par l’obstruction menée par les députés de l’opposition démocrate-progressiste. « La meilleure solution est de revenir à l’accord initial » concernant l’examen du texte par le parlement, a-t-il déclaré, en estimant que c’était à ce dernier d’en déterminer les modalités via ses mécanismes internes de consultation.
Si le texte n’était pas ratifié ou s’il devait être renégocié, cela aurait de graves conséquences et serait contraire aux intérêts de Taiwan, dont la croissance économique est générée à 70% par les exportations, a martelé le chef de l’Etat. « Les autres pays aiment commercer avec Taiwan mais quand il s’agit de signer des accords de libre-échange, ils sont hésitants, en raison de la situation internationale délicate de l’île. » Signer l’ECFA avec la Chine a permis de sceller des accords avec le Japon, Singapour et la Nouvelle-Zélande, a-t-il indiqué, ajoutant qu’il fallait poursuivre ce mouvement pour permettre l’adhésion de Taiwan au Partenariat transpacifique et au Partenariat économique régional intégral, deux blocs économiques en cours de constitution en Asie-Pacifique. Renoncer à l’Accord sur le commerce des services rendrait difficile la signature d’un accord sur le commerce des marchandises avec Pékin, et cela ferait de Taiwan un partenaire commercial peu fiable aux yeux des autres pays, a encore estimé Ma Ying-jeou.
Enfin, interrogé sur une éventuelle rencontre avec le président chinois Xi Jinping [習近平], Ma Ying-jeou a expliqué que la suggestion de Taipei que celle-ci intervienne en marge du sommet des leaders des économies membres de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) n’avait pas été retenue par Pékin et qu’aucune alternative n’était pour l’instant sur la table. « Nous espérons qu’une occasion se présentera et, si les conditions sont réunies, nous pourrons de nouveau envisager cette perspective », a-t-il déclaré.
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